Une seconde fois couronnée pour la qualité de vie qu'elle offre aux étudiants, la Ville rose devance de peu Lyon. Ville où, pourtant, s’est récemment immolé un étudiant pour mettre fin à sa vie de précarité. Fléau auquel les universitaires toulousains n'échappent pas non plus.
Il y fait chaud, le cadre de vie est agréable, la ville dynamique. Toulouse a été élue meilleure métropole étudiante de France juste devant Lyon, par le site l’Étudiant au mois de septembre dernier. Un classement qui se base sur les critères d'attractivité, de formation, de cadre de vie, de vie étudiante et enfin d'emploi, mais aucun critère financier n'est mentionné. En effet le coût de la vie étudiante a augmenté de 2,05 % dans la Ville rose cette année. Une estimation communiquée dans un dossier de presse datant du mois d'août dernier, de l'AGEMP (Agence générale étudiante de Midi-Pyrénées) regroupant plusieurs associations étudiantes de l'académie de Toulouse. Un critère donc "non négligeable" pour Mathieu, universitaire toulousain de 23 ans. "Quelle importance que la ville propose de nombreuses activités culturelles ou encore que l'ambiance de la place Saint-Pierre soit accueillante les jeudis soirs, lorsque mon unique problème est de savoir avec quel argent je vais manger après le 15 du mois", déplore-t-il.
"Je ne vis plus, je survis."
"Sur le papier Toulouse représente probablement la ville idéale pour étudier, mais en réalité, pour moi c'est un combat quotidien", ajoute le jeune homme. Une fois le loyer, les frais de scolarité et les transports soustraits au budget mensuel de Mathieu, l'addition des bourses ne lui permet pas de repasser en positif. "250€ de bourses par mois n'accorde à personne la possibilité de vivre convenablement. Je cumule donc deux emplois étudiants à côté de ma licence, dont j'ai inévitablement redoublé la dernière année. Je ne vis plus, je survis." Le jeune étudiant rappel tout de même, "je ne sais pas si ce serait mieux ailleurs très honnêtement, mais ce classement me paraît biaisé".
Un avis entièrement partagé par Antoine Bertrand, étudiant toulousain en sciences politiques, mais aussi animateur des Jeunes insoumis de Toulouse et porte parole du collectif des Cités U en lutte. "Ce rapport m'a fait doucement rigoler, en effet ça donne une excellente image publicitaire à la ville, mais la réalité n'est pas là". Le jeune homme ne manque pas de rappeler la hausse "inquiétante" du coût de la vie étudiante et donc de la précarité chez les jeunes, une évolution que vient confirmer un rapport de la fondation Abbé Pierre publié ce lundi. "Il faut aussi se baser sur les points négatifs pour évaluer justement le niveau de la vie étudiante, parlons pouvoir d'achat, augmentation du prix des logements, ou encore hausse de la tarification des transports en commun".
Immolé pour mettre fin à sa vie de précarité Pierre, Sophie, Anna, tous partagent cet avis, "ne taisons pas la vérité, il y a de réels problèmes". Les trois étudiants étaient mobilisés dans la cour du Crous Occitanie en début d'après-midi. En effet la jeunesse toulousaine manifestait en écho à l'acte délibéré d'un étudiant lyonnais. Il s'est immolé par le feu pour mettre un terme à son calvaire financier. Ce vendredi l'étudiant âgé de 22 ans a tenté de mettre fin à ses jours devant le bâtiment du Crous à Lyon, selon "Le Progrès". Dans un message posté sur Facebook, le jeune homme explique sa précarité après avoir perdu sa bourse et son logement, conséquence d'une seconde année de redoublement en Sciences Politiques. "A Lyon, à Toulouse, à Paris, ça aurait pu arriver n'importe où, ça aurait pu être n'importe lequel d'entre nous", achève Anna, étudiante mobilisée.
Aurélie Rodrigo
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